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Lung Ta Zen
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9 janvier 2009

Y a pas d'souci

Dans notre famille nous nous amusons souvent à nous reprendre sur nos expressions "toutes faites" qu'on emploie régulièrement, parce que nos parents les employaient ou parce qu'elles sont culturelles, et qui ressorties du contexte nous font beaucoup rire.
Dans ce cadre j'ai reçu à Noël un livre doux et rafraîchissant qui disserte sur un certain nombre de ces petites phrases, il s'agit de "Ma grand-mère avait les mêmes" de Philippe Delerm

En voici un court extrait, très "zen" ;)

grand_mere_paternelle
"Ma mère" © JEAN MARC - 1937 -  Huile sur bois 39,5 x 31 cm

"Y a pas d'souci ! Tout baigne. Ça roule. Que de formules optimistes !
Comme s'il y avait nécessité à positiver, à aplanir, à faire de la vallée de larmes une plaine tranquille. Parmi toutes ces expressions, "Y a pas d'souci" tient une place à part. Il ne s'agit pas avec elle de dresser un constat général sur l'existence, mais de répondre ponctuellement à une demande souvent modeste, touchant à l'organisation de la vie matérielle, à une petite aide que l'on s'apprête à donner, un désir à satisfaire.

Le mot "souci" est un peu étrange dans ce contexte. Qu'une réponse positive à la question "Tu peux aller me chercher Léa à la sortie de l'école ?" soit l'occasion de dissiper un souci, on
peut le concevoir. Mais que le cordonnier vous apprenne que vous pourrez reprendre vos chaussures mardi soir sous la forme "Vous les aurez, y a pas d'souci" , c'est plus intéressant.

On pourrait dire évidemment que le mot est choisi avec ce décalage apparemment maladroit
qui fait souvent le succès du langage courant, précisément parce qu'on éprouve un charme à
utiliser un mot légèrement à côté. Mais dans le cas de << souci >>, il y a davantage. Affirmer qu'il n'y en a pas, c'est supposer qu'il pourrait y en avoir, que la vie consisterait à être rongé par une infime succession d'embûches minuscules mais éprouvantes et continues.

Elle est bien au diapason d'une intensité nerveuse minante de la société, cette phrase si cool, si zen. Le bonze himalayen qui vous promet votre ressemelage pour le lendemain n'est pas tout à fait comme les autres, c'est pas tout à fait comme la vie, puisqu'avec lui il n'y aura pas de souci
."

© Philippe Delerm & Editions Points

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Commentaires
L
Je ne suis pas fana des "obstacles comme forme de chemin" mais je reconnais que c'est souvent la réalité, <br /> je voudrais plutôt être comme l'eau qui choisirait le chemin le plus facile pour descendre, en contournant les obstacles, se reposant en attendant de les dépasser, mais c'est bien que justement son chemin est fait d'obstacles ;)
L
Il faudrait lui dire, à lui et à bien d'autres, des publicitaires aux "vulgaires pékins" ;) que zen ne veut pas dire "cooool" ;))<br /> Mais la métaphore n'a pas d'appartenance géographique ou de pays ;)<br /> <br /> <br /> Chez nous c'était "Ya pas plus chien qu'Azor" !!!??? va-t-en dont savoir !!! ;))
V
Des micro-stress que nous nous mettons au quotidien... quel joli à-propos! Mais je reste partante pour des obstacles comme forme de chemin... petit à petit, en prenant une autre forme de temps...
M
On lui dit, au Philippe, que les bonzes c'est plutôt très à l'est de l'Himalaya ?<br /> Enfin, comme disait mon père, il se pourrait qu'il réponde : " Les chiens aboient, la caravane passe " !
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