COMPORTEMENTS ADDICTIFS DE FUITE
J’aborde ici les petits comportements addictifs qui nous pourrissent la vie.
Pëma Chödron (Les Bastions de la Peur, pratique du courage dans les moments difficiles, Editions de la Table Ronde, 2002) appelle cela le Seigneur de la Forme car « il représente la façon dont on regarde le monde extérieur pour en faire un terrain solide. »
Pour mieux le connaître « on peut commencer à prêter attention à ses propres méthodes de fuite. C'est-ce que je fais quand je me sens anxieux et déprimé, quand je m'ennuie ou que je me sens seul?
Est-ce que je me mets à acheter un tas de trucs en guise de thérapie pour m'en sortir? Ou bien est-ce que je me tourne vers l'alcool et la nourriture? Est-ce que je me réconforte avec la drogue ou le sexe, ou bien est-ce que je recherche l'aventure? Est-ce que je préfère me retirer dans la beauté de la nature ou dans l'univers exquis que procure un livre vraiment bon? Est-ce que je remplis l'espace en donnant des appels téléphoniques, en surfant sur le Net ou en passant des heures devant la télé? Certaines de ces méthodes sont dangereuses, certaines pleines d'humour, d'autres sont tout à fait salutaires. »
Vous comprenez mieux de quoi je veux parler quand j’évoque ces petits comportements addictifs, qui peuvent pourrir notre vie & elle de nos proches. Car ces petites addictions qui nous permettent de fuir la réalité, ne répondent pas à nos souhaits de sérénité et nous imposent de les augmenter sans cesse.
Qu’importe si elles paraissent positives (aller dans la nature, se retirer dans un monastère) ou négatives au niveau santé (alcool, drogue) ou social (Jeu, consumérisme exacerbé), « ce qu'il faut retenir, c'est qu'on peut faire un mauvais usage de n'importe quelle substance ou activité pour fuir l'insécurité.
Une fois devenu accro du seigneur de la forme, on crée les causes et les conditions de l'escalade de la souffrance. On ne peut obtenir aucune satisfaction durable quel que soit l'effort fourni. Au contraire, les sentiments mêmes auxquels on essaie d'échapper ne cessent de se renforcer. »
Alors tout est il perdu ?
Non, dans le bouddhisme, même dans le pire des 6 mondes (états) « psychologiques » (les enfers) il y a un Bodhisattva qui nous montre que notre souffrance vient de nous même et que nous avons les capacités de la faire cesser.
Pour cela la vigilance sans jugement est nécessaire, même pendant ces périodes d’addiction, même sans chercher à les bloquer.
L’important « est de prêter attention à ce que l'on fait. Sans porter de jugement, on s'entraîne à prendre acte avec bienveillance de tout ce qui peut se passer. A la longue, on peut décider de cesser de se faire du mal avec les mêmes vieilles ficelles » et de s’en retourner vers le monde, vers la réalité.
Comme Zarathoustra (Friedrich Nietzsche, Ainsi Parlait Zarathoustra, Editions Gallimard, 1971) qui est retiré du monde pour jouir de son esprit et de la solitude et qui a un moment finit par dire « De ma sagesse voici que j’ai satiété, telle l’abeille qui de son miel trop butina, de mains qui se tendent j’ai besoin. »
Ce n’est pas si difficile le plus dur est d’avoir dans ces moments là, de la compassion vis à vis de soi .