Comment changer son regard sur des évènements douloureux.
Carte de voeux © Mécénat Chirurgie Cardiaque
(Tout d'abord je vous prie de m'excuser de mon peu de présence sur le blog, et aussi du coup de la longueur des billets, mais cela vous laisse une semaine pour les lire ;-) )
La vie sera toujours composée de plaisirs & de douleurs entremêlés. La clé de la sérénité repose donc en nous, dans la façon dont notre esprit aborde notre existence. Souvent pris dans le stress de la vie quotidienne, le travail, la famille, nous disons « que nous n’avons pas le temps, pas le choix de faire autrement ! » et nous continuons à vivre angoissés, malheureux, déprimés. Et parfois la « vie » nous fait un cadeau, elle nous offre une épreuve particulière (décès d’un proche, départ de quelqu'un avec qui nous étions en relation, maladie, perte d’un emploi, d’une maison, dépression...) qui tout à coup, va nous faire voir l’existence autrement, fragile et précieuse.
Dans le bouddhisme il existe entre autres, deux grandes façons d’aborder les évènements pour élargir sa conscience. Elles sont vraiment très différentes mais ne s’opposent pas et peuvent même être vues d’une manière complémentaire. La première je l’ai surtout vue dans le bouddhisme Tibétain et principalement dans l’école Gelougpa, et la seconde plus dans le zen et aussi dans le Dzogchen Tibétain.
La première pourrait être nommée
« méditation analytique ». Il s’agit d’analyser en fait le plus
objectivement possible le comportement négatif (colère, dépression, envie,
rejet) qui nous anime. Malgré la difficulté des premières tentatives, cette
analyse permet de voir qu’aucune situation n’est en soi totalement bonne ou
mauvaise, que même dans des situations difficiles nous pouvons
trouver un tant soit peu de satisfactions (familiales, relationnelles,
professionnelles, dans ce que nous avons déjà fait..) qui bien souvent apportent
déjà suffisamment de bien-être, si nous étions pas dans un « toujours vouloir
plus ».
Et/ou, que cette difficulté est le pendant d’un bienfait (difficultés à
élever un enfant mais aussi plaisir à d’autres moments, d'avoir un enfant, emploi difficile mais
pas de chômage...). On peut aussi regarder combien de personnes dans le monde
vivent des situations bien plus difficiles que la notre (18000 enfants meurent
chaque jour de faim dans le monde, près d’un milliard d’êtres humain n’a pas
accès à l’eau potable). In fine nous pouvons regarder aussi les éventuels bienfaits que
nous procure en effets secondaires notre souffrance ! Par exemple elle peut
permettre qu’on s’occupe enfin de nous.
Mais comme le dit le Dalaï Lama
« Il ne faut pas confondre satisfaction & passivité ! »
c’est à dire que de mener cette analyse ne doit pas nous faire devenir
fataliste et nous empêcher de nous engager pour améliorer notre sort et celui
de tous les êtres vivants. Et le fait de s’engager, va donner un nouveau sens à
notre vie et transmuter la souffrance morale qui peut exister (Freud parlait de
sublimation, on parle aujourd’hui de résilience).
La seconde voie est plus centrée
sur la conscience et l’attention. En fait là où nous posons notre
attention, là est notre conscience ! C’est le processus qui va permettre par
l’hypnose par exemple, de ne plus sentir de douleurs en déplaçant la conscience.
Richard Moss utilise une métaphore très intéressante : « Imaginez que
votre respiration (ou toute émotion ou douleur) est comme un grand cerf-volant
planant dans le ciel de votre esprit. Ce qui retient le cerf-volant est un fil
que nous pouvons appeler « attention » (si nous lâchons ce fil- relâchons notre
attention - la respiration sort de notre champ de conscience, exactement comme
le cerf-volant tomberait). Ainsi, faites attention à votre
respiration et essayez de devenir conscient de cette attention elle-même. Maintenant,
détournez votre attention de votre respiration et ramenez-la au « fil ».
Qu'expérimentez-vous? Qui ou quoi tient le fil de votre attention ? »
En fait
quand on pratique ce genre d’attention les réponses qui viennent à qui ou quoi
tient le fil se rejoignent paradoxalement de « rien » à « un grand tout spacieux».
Cette pratique peut être menée sur toute émotion qui surgit du passé, toute
peur du futur ou toute douleur du présent, et qui tient le fil est toujours
dans le présent, ineffable.
Et finalement dans le monde de l’impermanence dans
lequel nous vivons, cet espace vide et
plein à la fois, que nous trouvons au bout du « fil » (attention) est
toujours là et signe peut-être le mieux ce que pourrait être le moi ou le non-moi
(non ego) ou mieux encore : la vacuité.
Peut être nos premiers pas
concrets vers la sagesse ?
Poser le vide
Ce à quoi je m'attache
devient ma réalité
aussi longtemps que je le tiens.
Si "je" lâche le fil
où va ma souffrance ?
"je" prend le risque de la perdre
et en la perdant
que reste-t-il de " je " ?
Lâcher le fil
c'est d'abord reconnaître
que" je" le tiens
Pour lui donner le droit
d'aller ailleurs.
Là où tout revient au Même
y compris Moi .
Pour que l'un
donne naissance à l'autre
ne faut il pas que ce pose le vide .
Cet espace qui permet d'accueillir
ce qui Est.
Lilou