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Lung Ta Zen
Lung Ta Zen
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6 juin 2007

DE LA RICHESSE DE LA DECEPTION

disappointment
"Disappointment" © Valery Milovie

J’ai pendant longtemps enseigné le Reiki qui me semblait une pratique méditative & énergétique excellente par son retour à la simplicité extrême. Le Reiki étant pas mal intégré dans le système mercantile, j’enseignais les différents niveaux d’une manière gratuite (hors maîtrise) et sur plusieurs mois pour chaque niveau, reliant cette pratique à ses origines bouddhistes.
Mais j’ai fini par abandonne cet enseignement me rendant compte que le Reiki avait encore l’inconvénient d’amener des personnes qui étaient figées sur l’obtention d’un but précis : (se) guérir !!!!

Ces mêmes personnes faisaient leurs « courses ésotériques » dans ce grand supermarché new âge qui propose des tas de stages chaque week-end. Ainsi beaucoup de personnes que je recevais avaient fait le week-end précédent un stage sur l’astrologie et la semaine suivante en feraient un sur le karma.
De la même manière dans notre recherche avide d’une réponse, d’une solution, nous lisons des dizaines de livres (voir plus) mais nous ne prenons jamais le temps de mettre en pratique dans notre vie un seul. Certains livres, vrais enseignements, demandent des mois pour être j(a)ugés à l’aulne de notre pratique, telle est la praxis.
Le Reiki lui même, est tombé cette démarche  mercatique, ainsi vous avez des stages Reiki et cristaux, Reiki & aura etc... Le principe(al) est de vendre.

Un maître qui a bien parlé de cette vanité (vide) de la recherche pour consolider le moi,  est Chögyam Trungpa (La mythe de la liberté, Editions du Seuil, 1979) :

« Aussi longtemps que nous suivons une approche spirituelle promettant le salut, des miracles, la libération, nous restons liés par la « chaîne d'or de la spiritualité ».

Les gens croient qu'ils peuvent arborer la chaîne d'or sans être enchaînés pour autant, mais ils s'illusionnent eux-mêmes. Aussi longtemps qu'une approche de la spiritualité demeure fondée sur un enrichissement de l'ego. il s'agit de matérialisme spirituel, d'un processus suicidaire plutôt que créateur.

Toutes les promesses sont pure séduction. Nous attendons des enseignements qu'ils résolvent tous nos problèmes; nous imaginons que nous allons disposer de moyens magiques pour nous occuper de nos dépressions, nos conduites agressives, nos blocages sexuels.
Mais, à notre grande surprise, nous commençons à réaliser que rien de tel ne se prépare. Il est très décevant de réaliser que l'on doit travailler sur soi-même et sur sa propre souffrance, plutôt que de dépendre d'un sauveur ou du pouvoir magique de techniques yogiques.
Il est décevant de réaliser qu'il vaut mieux abandonner ses espérances plutôt que de construire sur la base d'idées préconçues.

Nous devons nous permettre d'être déçus.

Il est douloureux de marcher sur le sentier spirituel. On ne cesse de se démasquer. »

Mais cette déception dont parle Chögyam Trungpa, est aussi une chance de trouver des ressources dans nos possibilités & relations humaines. C’est ce qui ne m’attire pas dans les religions révélées c’est le fait de dépendre d’un être extérieur qui aurait des pouvoirs pour changer.

Pour un des fondateurs modernes de l’action non-violente, Tolstoï, même Jésus ne peut être vu comme un dieu extérieur, mais c’est justement sa condition d’humain qui le rend intéressant comme modèle :

« Tolstoï disait que le Christ était un homme et que, s'il avait été Dieu, tout ce qu'il a fait n'aurait eu aucune valeur, parce que Dieu peut tout faire... Le Christ n'était pour lui qu'un homme, un fils de Dieu, comme nous le sommes tous.

Tolstoï insiste, dans toutes ses lettres et dans son Journal intime, sur la parcelle de la divinité qui habite en chaque homme et qui ne demande qu'à grandir. »

(in Alternatives Non Violentes n° 89, 1993)

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Commentaires
L
Je suis bien d'accord avec toi concernant la société, alors commençons tout de suite à la changer dans notre entourage<br /> Par exemple en fonction de nos compétences proposons un ECHANGE de savoir ou de pratique (il existe d'ailleurs des réseaux pour cela comme les SEL)<br /> <br /> chaleureusement
G
C'est vrai que "laisser être" est beaucoup plus difficile que "chercher"...pour nous autres occidentaux qui voulons toujours agir, bouger, être dynamique, choisir, décider, etc. L'activité est beaucoup plus valorisée que la "passivité".
S
ce que je reproche à notre société aujourd'hui... Tout devient un commerce, vide de sens... Et on s'étonne que la majorité des gens soient perdus, pète un cable, tue pour rien parce que rien n'a plus d'importance...<br /> J'aime ce qu'a dit Tolstoï... Je crois en cette parcelle de divinité en chacun de nous... Même si parfois elle est dur à trouver, à apercevoir... En nous mais aussi chez l'autre... Reste à faire ce pas pour la découvrir, l'écouter...
L
Je suis bien d'accord, <br /> ou même plus exactement, à la laisser être !<br /> <br /> chaleureusement
G
Le plus étonnant, c'est que sachant que nous avons tous une part divine en nous, nous ne passions pas notre vie à la chercher...C'est un grand mystère !
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