LE BONHEUR DE L'INDIVIDU NOURRIT LE GROUPE
Siddharta Gautama avait vingt-neuf ans lorsqu'il quitta sa famille en quête d'une voie pour mettre fin à sa souffrance et celle des autres. Après avoir étudié et pratiqué la méditation pendant six ans auprès de nombreux maîtres, il s'assit sous l'arbre de la bodhi et fit le vœu de ne plus en bouger tant qu'il n'aurait pas atteint l'éveil.
Il resta assis toute une nuit et, quand l'étoile du matin apparut, il eut une profonde réalisation et devint un Bouddha, plein de compréhension et d'amour. Le Bouddha passa les quarante-neuf jours suivants à savourer la paix de sa réalisation, après quoi il se mit en marche et se dirigea à pas lents vers le parc des Gazelles, à Sarnath, afin de partager sa compréhension avec les cinq ascètes qui avaient été ses compagnons de pratique.
Les cinq hommes furent surpris de le voir arriver car ils pensaient qu'il les avait abandonnés.
Mais le Bouddha était si rayonnant qu'ils ne purent s'empêcher de l'accueillir.
Ils lui lavèrent les pieds et lui offrirent de l'eau à boire. Le Bouddha leur dit:
« Chers amis, j'ai vu clairement que rien ne peut exister de par soi-même, que tout est nécessairement en interdépendance avec ce qui existe. J'ai vu que tous les êtres sont dotés de la nature d'éveil. »
« Pour une proposition d’une définition scientifique du bonheur :
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Le bonheur est un état physio-psychologique, qui caractérise le bon fonctionnement de l'organisme; il traduit en particulier l'harmonie entre les deux parties du cerveau dotées d'un pouvoir de décision: le limbique et le néocortex ou en d'autres termes le cerveau des automatismes et celui de la réflexion personnelle;
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le bonheur est accessible à chaque être humain, quels que soient sa richesse, son statut social, ses capacités intellectuelles. Les hommes sont égaux devant le bonheur, alors qu'ils ne le sont pas devant le plaisir ou la souffrance physique, ni devant le statut social ;
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le bonheur est indépendant du plaisir et de la souffrance (physique), de l'amour, de la considération ou de l'admiration des autres;
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le bonheur entraîne l'épanouissement de l'individu qui devient alors une source de rayonnement pour le groupe social (famille, association, entreprise) dans lequel il est inséré, et dont il renforce ainsi la cohésion et l'harmonie. Le bonheur de l'individu nourrit le groupe, ce qui n'est pas le cas du plaisir ;
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en conséquence, la quête du bonheur est non seulement légitime pour l’individu mais elle doit même être considérée comme un véritable devoir éthique en considération du groupe. »
Christian Boiron, La Source du bonheur est dans notre cerveau, Editions Albin Michel, 1998