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Lung Ta Zen
Lung Ta Zen
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4 juin 2007

IL SUFFIT DE VOIR

hell

Ce week-end  dans un bar, j’entendais deux couples qui échangeaient sur leurs expériences de divorces, difficultés professionnelles et dépression.
On avait d’une manière symptomatique la dualité que l’on retrouve dans notre société : d’un côté un certain matérialisme dogmatique (on doit s’en sortir seul, tout ça c’est que des conneries) et de l’autre un angélisme psychologique (il suffit d’arriver à « dire » nos problèmes au psy , le fait de les dire les fait disparaître).

Pour le premier point je ne reviendrai pas dessus aujourd’hui, pour le second je trouve qu’il  est caractéristique de ce qu’on peut voir dans les médias, « il suffit de dire pour que ce soit, vrai, cru, etc... » La "psychologie" devenant une compétence nouvelle et nécessaire. Un homme de pouvoir va dire « je suis ému » et nous nous devons de croire qu’il est ému. Si nous n'allons pas voir un psy(chologue ou chiatre) nous n'irons pas bien.

Qu’en est il dans le bouddhisme ? Ici il me semble qu’il n’est pas suffisant de dire, il faut voir. Voir & re-con-naître.
C’est à dire prendre conscience que les émotions qui nous perturbent ne sont pas tant dues aux évènements extérieurs, mais que ceux ci n’en sont que le révélateur. Que la vision d’enfermement, d’isolement, de souffrance, dans laquelle nous sommes est due à notre "propre" façon de voir les choses.
Si nous nous regardons & nous reconnaissons comme nous sommes, l’émotion alors disparaît.

« Dans les peintures tibétaines de la Roue de la Vie, les êtres qui séjournent dans les royaumes infernaux sont représentés comme soumis à diverses tortures dignes de l'enfer.

D'un point de vue psycho-dynamique, les Royaumes des Enfers sont des représentations saisissantes d'états agressifs et anxieux. On y voit des êtres qui brûlent de rage ou sont torturés par l'anxiété.
Pourtant, ils ne reconnaissent pas en leurs tortionnaires des créatures de leur imagination. ils se croient aux prises avec des forces extérieures, sur lesquelles ils n'ont aucun contrôle.

Cependant qu'ils sont entièrement dominés par leur fureur ou leur anxiété, ils sont coupés de ces mêmes émotions. ils ne se rendent pas compte que ces forces indésirables sont en eux, et sont donc enfermées dans une prison qu'ils ont eux-mêmes construite.

Le bodhisattva de la Compassion est parfois incrusté dans le Royaume des Enfers. Il tient un miroir ou une flamme purificatrice, indiquant que cette souffrance ne peut être atténuée qu'en voyant ces émotions indésirables se refléter dans le miroir. Lorsqu'elles sont ainsi reconnues, les émotions elles-mêmes deviennent source de guérison (ce qui n'avait pas échappé à Freud). »

Mark Epstein, Pensées sans penseur, Editions Calmann-Lévy, 1995

Et toute ma démarche dans le bouddhisme est de penser que dans le monde occidental si nous ne voulons pas singer les pratiques orientales du bouddhisme pour retomber dans une autre religiosité, après avoir fui celle du catholicisme, il nous faut d’abord travailler sur nous-mêmes d’un point de vue psychothérapeutique pour développer une assertivité.
Celle ci peut nous permettre ensuite, d’affronter le miroir du silence, pour avoir une vue profonde de ce que nous sommes réellement, de comment notre environnement dépend de notre vision.

Construire un moi solide pour être capable de le démonter sans danger.

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Commentaires
S
Je ne vois le mien que de manière épisodique (3 à 4 fois par an)... Dans les moments où j'ai besoin de me poser, où je perds pieds, où je n'y arrive plus seule... Il me permet de pouvoir dire certaines choses que je ne voulais voir, de me donner des pistes et puis je le travaille de mon côté par la suite...
L
C'est passionant ce que tu écris, car c'est en effet la base de la compréhension.<br /> Pour mener un combat, il faut des combattants.<br /> Celui qu'on a été (a-t-il été ? comme qq chose d'indépendant et fixe ???) n'existe plus<br /> Celui qu'on voudrait être (n'existe pas -encore-)<br /> Il ne reste que ce que l'on est dans l'instant, alors contre qui se battre ?<br /> <br /> Il y a à rentrer en contact avec cette fragilité intérieure, cette hypersensibilité, cette douleur, pour l'écouter, comme on écoute qqn qui souffre, pour lui permettre de se déployer, et alors se rendre compte que la fragilité (ce que je nomme dans le billet du jour "a déception") est richesse<br /> il n'y a plus alors à perdre son énergie à vouloir construire un hypothétique moi solide qui n'existera jamais mais à accepter de vivre avec ce qui est, de l'écouter, de le connaître, dans tenir compte, de changer ce qui est possible de changer, d'accepter ce qu'il n'est pas possible de changer (mais on peut changer bcp de choses !)<br /> <br /> chaleureusement
C
Que de se construire un moi solide quand la fragilité intérieure réagit avec hypersensibilité aux événements extérieurs.<br /> Cela peut mener à un combat intérieur douloureux entre la personne que l'on a été, celle que l'on est, celle que l'on ne veut plus être et celle que l'on voudrait être.
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