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Lung Ta Zen
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20 août 2007

LE BOUDHA GISANT DE CEYLAN

boudhasrilanka

Un très beau texte du poète Pablo Neruda :

« Partout les statues de Bouddha, de Lord Bouddha.,.Les statues sévères, verticales, vermoulues, avec une dorure qui leur communique un éclat animal et un écaillement extérieur qui donne à croire que l'air les détériore... Sur leurs joues, sur les plis de leur tunique, sur leurs coudes, leur nombril, leur bouche, leur sourire, jaillissent de petites macules: champignons, porosités, traînées excrémentielles de la forêt...
Et voici aussi les gisants, les énormes gisants, les statues de quarante mètres de pierre, de granite gréseux, pâles, étendues parmi les feuillages sonores, inattendues, surgissant de quelque recoin de la forêt, de quelque plate-forme environnante...

Elles sont douces en leur ambiguïté métaterrestre bien connue, elles qui aspirent à s'en aller et à rester... Et ces lèvres de pierre si suave, cette majesté impondérable faite cependant de pierre dure, à qui sourient-elles, et à combien d'élus, sur la terre sanglante?.. Elles ont vu passer les paysannes qui fuyaient, les incendiaires, les guerriers masqués, les faux prêtres, les touristes dévorants...
Et la statue est restée là, bien à sa place, l'immense pierre avec des genoux, avec des plis sur sa tunique, avec son regard perdu et pourtant existant, complètement inhumain et d'une certaine façon humain.

Nous ne pouvons nous empêcher de penser aux terribles christs espagnols dont nous avons hérité avec leurs plaies et tout le reste, leurs pustules et tout le reste, leurs cicatrices et tout le reste, et avec cette odeur de cierge, d'humidité, de renfermé qui est celle des églises...
Ces christs aussi ont hésité entre être des hommes ou des dieux Pour en faire des hommes, pour les rapprocher de ceux qui souffrent, de la femme en couches, et du décapité, du paralytique et de l'avare, des gens d'église et de ceux qui entourent les églises, pour les rendre humains, les sculpteurs les ont dotés de plaies horripilantes et tout s'est transformé en religion du supplice, en pèche et souffre, ne pèche pas et souffre quand même, vis et souffre, sans que tu puisses trouver d'issue libératrice...

Ici non, ici la paix est arrivée jusqu'à la pierre... Les statuaires se sont révoltés contre les canons de la douleur et ces Bouddhas colossaux, avec des pieds de dieux géants, ont sur le visage un sourire de pierre qui est paisiblement humain, sans toute cette souffrance...
Et il en émane une odeur non de pièce morte, non de sacristie et de toiles d'araignée, mais d'espace végétal, de rafales qui retombent soudain en ouragans de plumes, de feuilles, de pollen de la forêt sans fin.
»

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Commentaires
L
Il m'est arrivé récemment de "trouver refuge" sur un matelas quand le corps ne "souffrait" plus de prendre la position assise, et je suis plus allongé sur le dos, les mains dans le mudra de la méditation sur hara, mais c'est vrai que j'aurais pu aussi tester cette posture, merci de ce rappel.<br /> <br /> Tchamba, c'est pour "Djampa", Maitreya ?<br /> <br /> Chaleureusement dans le Dharma
T
C'est à un départ de la vie paisible auquel nous invitent les bouddhas couchés. Celui qui fait la méditation sans objet ni sujet dans cette position peut s'éveiller ou s'endormir à tout jamais. C'est la posture du nirvana.
L
Oui bien sûr c'est sa vision à un moment donné, par rapport à une généralité<br /> donc c'est sa réalité<br /> merci d'en rappeler d'autres<br /> <br /> bises
M
transe andante
A
@ marc : "La mystique est une sensualité transcendante" - Emil CIORAN....
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