A QUEL MOMENT RENAISSEZ-VOUS ?
"RINASCITA" par Susanna Viale © huile sur toile
Nous avons vu récemment le concept de « vacuité » qui est justement tout sauf conceptuel, mais il nous faut bien utiliser des concepts pour chercher à se faire comprendre. Ce n’est déjà pas si simple
S’il y a un outil qui doit nous aider à passer du stade de la compréhension intellectuelle et conceptuelle de la vacuité au stade « consciemment vécu », il doit sûrement s’agir de la méditation puisque le Sakyamuni a insisté sur cette pratique. En quoi peut-elle nous aider ?
Quand on se pause, avec tranquillité, on peut voir tout ce qui défile dans notre tête et que nous occultons d’habitude bien que cela soit la racine de beaucoup de nos actions. Nous pouvons apprendre à laisser passer tout cela, comme les nuages dans le ciel (image souvent utilisée) sans les retenir.
Mais même cela est difficile, souvent en méditation, alors que nous savons que nous ne devons pas nous accrocher à ces réactions, nous laissons notre mental vagabonder comme à son habitude.
Pourtant ce qui est réconfortant avec la méditation c’est que même lorsque nous abandonnons cette « observation neutre » nous en avons conscience. D’autant plus que va durer notre pratique. Nous pouvons tout à loisir voir comment nous fuyons la conscientisation, comment nous nous protégeons sous des idées préconçues.
Ainsi la méditation n’est jamais « ratée » (cela impliquerait l’obtention d’un résultat futur) mais est toujours conscience, même de son « inconscience ». Il suffit d’avoir pratiqué un peu, d’avoir par moment touché du doigt cette observance neutre et sereine, pour savoir que même lorsqu’on se renferme dans ses propres errances, il existe une ouverture spacieuse et ample à notre portée de main (ouverte, bien sûr )
Et c’est ainsi que je vis mes pratiques de méditations quotidiennes comme des « petites morts » qui sont perte de la vigilance & des renaissances qui sont la conscientisation de cet « oubli de vie », de cette fermeture à la vie. Et pour renaître il faut s’autoriser à mourir.
« A quel moment de votre journée êtes-vous vivant ?
A quel moment êtes-vous mort ?
A quel moment renaissez-vous ? »
Pascale Senk, « Soyez Yin, développez votre part féminine pour un meilleur équilibre », Presses du Châtelet, 2002