QUAND LES CONDITIONS SONT SUFFISANTES
Face à la mort d’un proche nous sommes désormais seuls. Dans le passé les rituels de deuil permettaient de partager cette souffrance d’une manière plus collective. Mais dorénavant c’est en nous qu’on doit principalement trouver le réconfort face à cette douleur qui nous renvoie face à notre propre impermanence.
Cette peur de notre mort se base sur la conception de mort comme « fin ». Et face à ce terme nihiliste nos émotions ne « tiennent plus la route ».
D’un point de vue bouddhiste la vision de la mort est différente. Naissance & mort sont des concepts que nous assimilons et qui nous font souffrir, mais le Bouddha a dit qu'il n'y a ni naissance ni mort; ni allée ni venue; ni identique ni différent; ni soi permanent, ni annihilation.
Voilà une petite histoire racontée par Thich Nhat Hanh dans son livre « Il n’y a ni mort ni peur » (Editions de La Table Ronde, 2002) :
« Dans mon ermitage en France, il y a un japonica, un cognassier japonais. Cet arbuste fleurit généralement au printemps, mais je me souviens d'une année où l'hiver avait été assez clément et les boutons de fleurs étaient apparus plus tôt que d'habitude.
Mais une nuit, il y a eu un grand coup de froid et le lendemain matin, pendant la marche méditative, j'ai remarqué que tous les bourgeons avaient gelé.
Quelques semaines plus tard, le temps est revenu au beau. En marchant dans mon jardin, j'ai vu qu'il y avait de nouveaux bourgeons sur le japonica manifestant une nouvelle génération de fleurs.
Je leur ai demandé:
«Êtes-vous les fleurs mortes avec le gel ou êtes:vous d'autres fleurs?»
Les fleurs m'ont répondu: «Thây, nous ne sommes pas les mêmes, mais nous ne sommes pas différentes non plus. Quand toutes les conditions sont réunies, nous nous manifestons, et quand les conditions ne sont plus réunies, nous nous cachons. C'est aussi simple que cela. »
C'est ce que le Bouddha a enseigné. Quand les conditions sont suffisantes, les choses se manifestent. Quand les conditions ne sont plus suffisantes, elles se retirent. Elles attendent le moment opportun pour se manifester à nouveau. »