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Lung Ta Zen
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17 janvier 2007

MARA

mara
g-ceol na mara par Dominique Beyens ©

Pour aller dans la continuation du billet et des commentaires d’hier, si nous prenons les deux mots symboles et diables, nous avons étymologiquement, ce qui peut être réunit (le « symbolon » était un signe de reconnaissance, un objet coupé en deux, dont deux personnes conservaient chacune la moitié & qui réunies devenaient un signe de ralliement;) et ce qui peut être séparé (Dia-bolon).
Nous avons en nous ces deux forces sous forme du sentiment d’amour qui cherche à unir et du sentiment de peur qui cherche à séparer pour nous ramener à l’intérieur de nous, l’extérieur étant fantasmé comme l’adversaire (l’autre versant).

Depuis Freud nous savons que ce qui est considéré comme un état psychologique « normal » (qui correspond à la norme de la société) est un état névrotique, c’est à dire en fait un état où il est normal d’être soumis à la peur de l’autre (ce qui est extérieur à nous) & de s’en défendre (l’état pathologique étant l’état psychotique, le tout lié par des degrés divers).
Mais justement si cet état normal ne l’était pas ?

Dans le Dhammapada, Editions Albin Michel, 1993 (un recueil de vers sur les fondements de la doctrine bouddhique) au verset 8 chapitre I il est dit « Celui qui demeure contemplant le déplaisant , avec des sens bien contrôlés, modéré en nourriture, avec confiance & effort soutenu, Mâra ne peut le renverser comme le vent ne peut renverser une montagne de roc. »

Et ici Mâra est le pendant du « diable », de ce qui sépare, c’est littéralement le « destructeur », l’incarnation des forces de la mort . Mâra symbolise aussi traditionnellement les passions en l’humain qui l’empêchent d’atteindre la sérénité.
Ainsi ce verset fait référence au moment où le futur Bouddha est assis sous son ficus & où il va atteindre l’éveil, les dernières pulsions névrotiques du Bouddha vont jaillir sous forme de Mâra qui lui envoie ses trois filles (convoitise, concupiscence & désir) pour le détourner, le séparer, le couper de son éveil.
Mais Bouddha dit « je vous connais » et elles deviennent alors des créatures hideuses (perdant leur pouvoir de séparer, de l’éloigner de son chemin).

Le fait d’avoir reconnu  ses adversaires, il leur fait perdre leur pouvoir, le fait d’avoir reconnu ses pulsions, ses névroses, ses peurs, elles n’ont plus le pouvoir de le séparer de lui-même et il peut alors connaître l’Eveil, l’amour suprême qui voit ce qui réunit tout, sans discrimination.

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Commentaires
L
C'est tout à fait cela Sylvie, on s'accroche à ses peurs comme un repère que l'on croit sûr car on le connaît, s'ouvrir, c'est accepter de "lâcher prise" sur le mur sur lequel on s'accroche mais qui nous enferme. Ainsi pour prenre un exemple concret une personne dépendante (par exemple de l'alcool) prendra conscience qu'elle "s'enfonce" mais aura trop PEUR de lâcher ce produit,car ce qu'elle pense rencontrer comme réalité sans le produit lui semble insoutenable et en tout cas bien plus que tous les inconvénients amenés par le produit toxique. Vu de l'extérieur cela paraît fou (c'est pourquoi bcp diront, c'est une question de volonté, c'est incompréhensible etc...) mais vécu de l'intérieur c'est atroce en souffrance.<br /> <br /> Etre "simple" n'est en effet pas si abordable par les adultes,surtout de notre société de plus en plus complexe.<br /> Car si c'est enfantin, nous sommes adultes ! C'est apparemment hors de notre portée. Pour prendre une autre culture, Jésus répétait cela : " Si vous ne redevenez comme des enfants, vous n'entrerez pas dans le Royaume de Dieu" ou "Laissez venir à moi les petits enfants, car le Royaume des Cieux est à ceux qui leur ressemblent "
S
Merci Lilou d'ecrire que "...tout est simple...juste un regard different..."<br /> c'est aussi ce que je ressens mais je ne sais l'exprimer...<br /> J'avais besoin de "re-lire" ces mots ce soir...<br /> Parfois on s'accroche à ses peurs comme aux derniers repères d'un ego omnipotent...<br /> Comme il est parfois difficile...d'etre dans le simple...
L
Merci Lung Ta pour ce texte..<br /> Reconnaître ses adversaires, interieurs ou extérieurs..il n'y a pas de plus grande force.<br /> C'est à mon sens quitter la peur pour aller vers son complément qui est l'amour..<br /> C'est pour cela que j'ai le sentiment souvent que tout est simple..juste un regard différent ..<br /> qui réuni ce qui est éclaté en nous et par là même autour de nous..<br /> Mais je ne savais pas aussi bien le dire que ce que tu viens de faire par ce texte .
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