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Lung Ta Zen
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13 janvier 2007

DIRE « JE » EST LE TRAVAIL D’UNE VIE ENTIERE

assentiment

Les limites du consentement

« Je consens, donc je suis... » de Michela Marzano, Éditions PUF, 2006 ; 258 pages. 15 euros.

"Un désir consenti est-il toujours choisi ?
Un choix est-il toujours consenti ?
Le consentement est-il invariablement soumis à un désir ? Qui dit « je » quand il consent ?

Le consentement fait-il accéder l’individu à l’autonomie ? La juriste Michela Marzano pose au centre de sa problématique l’acte du sujet consentant et ses limites. Elle circonscrit son propos à la morale, à l’éthique médicale et à la sexualité. Qui n’a pas entendu : « c’est pour ton bien... » ? Alors que personne n’a le pouvoir d’intervenir sur les affaires d’autrui sauf à révéler de façon objective - vérifiable - que ses actes sont préjudiciables, sous peine de tomber dans une forme de paternalisme.

Qui est en mesure, dans les instances de l’État, de connaître ce qu’est un tort et d’en déterminer la gravité ? Comment sait-on que l’on consent et que cette action sera bonne pour soi, ou pour les autres ?
Les comportements à risques ne feraient l’objet d’aucune observation s’ils ne relevaient que d’une bien-pensance moraliste. C’est pourquoi le consentement ne gouverne pas une action immédiatement légitime.

En questionnant la médecine et la sexualité, l’essayiste s’intéresse aux étapes expérimentales et formatrices de l’être humain, des valeurs et des règles qui régissent des domaines fondateurs. Elle rappelle que « tout être humain a vocation à penser par soi-même » (Kant) et qu’« il n’y a pas de raison pour que toute existence humaine doive se construire sur un modèle unique ou un petit nombre de modèles seulement » (Stuart Mill).

Actuellement, des mouvements réclament le droit pour l’individu de se réapproprier sa mort. Que la vie soit mortelle fait partie de son essence et d’une indissociable ambivalence. Bien mourir, concevoir les conditions de sa mort sont des droits pour tout être humain quelles que soient sa condition sociale, ses convictions religieuses, chacun ayant droit à être reconnu comme sujet de sa mort. Derrière cette demande, comme dans l’euthanasie, il faut écouter une souffrance qui n’a pas les mots pour le dire. Par ailleurs, Françoise Dolto estimait que demander la mort est l’effet d’une communication manquée et déçue. Faut-il raisonnablement réclamer l’hospitalisation d’un suicidaire qui consent à mettre fin à ses jours ? D’un alcoolique qui, une fois dehors, reprendra le premier verre ?

Mais pourquoi ne pas considérer que les prostituées sont consentantes ? L’auteure interpelle directement Marcela Iacub, Catherine Millet, Catherine Robbe-Grillet, qui estiment que ces femmes « ont choisi ce qu’elles considèrent comme un authentique métier », qu’elles sont libres de s’autodéterminer.
Un métier comme un autre ? Donc encadré par l’État et à faire promouvoir par l’ANPE ? L’auteure a rencontré des péripatéticiennes qui toutes s’insurgent contre la banalisation de la prostitution. Dans la vente et l’achat d’un acte sexuel, le corps consenti et consentant est absent.

Dès que l’on sacralise le consentement, tout devient légitime, même le meurtre, l’oppression ou les violences liées à des pratiques sadomasochistes. Depuis Platon, la philosophie a réfléchi sur le consentement. Mais qu’en est-il aujourd’hui de l’autonomie, du respect de soi, si personne n’en a ni souvenir, ni apprentissage ?
Dire « je » est le travail d’une vie entière et quand il y a un « je », il y a un désir qui l’a encensé
."

Virginie Gatti - Article paru dans l'édition du 12 janvier 2007. - http://www.humanite.presse.fr/

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Commentaires
L
En effet, n'est ce pas quand il y a cette différenciation que l'on peut vivre pleinement ces rencontres de coeur ?<br /> <br /> (PS : Elise, pour pouvoir répondre de manière adaptée, tu avais mis la copie de l'article dans ta réponse, mais tu ne l'avais pas supprimée ensuite, je me suis permis de le faire)
E
Désir, consentement, choix… en voilà des termes qui mettent en avant les notions de conscience, d’autonomie et de responsabilité dans le vaste champ à définir du libre-arbitre : là même justement où le « Je » peut s’exprimer et se différencier comme affirmation et non comme opposition.<br /> Le désir étant souvent aveugle et toujours enjôleur, surseoir à sa satisfaction immédiate laisse la place à l’expansion du « Je » et à sa maturation puisqu’il s’agit alors non plus d’éprouver du désir mais d’éprouver le désir face à l’érosion du temps. Réflexion faite, l’on ressent plus du désir « Sur » quelque chose ou quelqu’un que du désir « Vers » ce quelque chose ou quelqu’un. C’est ce « Sur » dans son aspect prédateur qui annihile l’expression du « Je ». Le « Je » ne peut grandir et s’exprimer que dans une certaine distanciation entre soi et la chose convoitée. En amont de tout choix : tous les possibles ; toutes les richesses… à l’état virtuel ! Alors, si le choix fait devient synonyme d’appauvrissement il est aussi la signature de l’engagement éclairé, réfléchi, voulu, conscient.<br /> La vie amoureuse et amicale nous confrontent parfois au consentement ; lequel est souvent synonyme de « concession » afin de préserver une certaine harmonie dans les rapports humains mais il convient néanmoins de ne pas brader cet aspect consensuel par crainte de déplaire, d’être critiqué ou pis, par peur d’être moins aimé ! Le « Je » possède aussi le pouvoir et la vertu du « non », sans provocation ni agressivité. Lorsque le « Je » s’affirme ainsi sereinement, il est bien perçu par autrui comme cette marque d’authenticité d’une personnalité en phase et en paix avec elle-même.<br /> Et il n’y a pas de plus douce plénitude que celle de pouvoir dire oui autant avec la tête qu’avec le cœur.<br /> Bises de tête … et de cœur !<br /> Elise <br /> E&M
L
hahahah Sylvie, vite il faut que je passe mon doktorat en lungtarie ;-)<br /> Je crois pour ma part à un processus qui passe en effet par une observation, une observation distanciée qui ne rejette ni ne s'attache à rien et qui aboutit à une vie complète, joyeuse et simple<br /> C'est à dire qu'on a besoin de regarder ses émotions, son mental, car ceux ci nous dirigent à notre insu<br /> QU'il n'y a pas à lutter, mais simplement à oberserver, revenir à l'instant présent<br /> mais que n'ayant pas à "supprimer" le mental et les émotions, tout cela aboutit à LA VIE, le maître in fine ;-)
S
Merci à vous pour toutes vos experiences racontées... ça m'aide à y voir clair aussi...<br /> Il était une fois ou j'ai cru que je devenais....malade...le jour où je me suis aperçue que je me regardais être et réagir et faire...comme s'il y avait deux Sylvie, une qui agissait, l'autre qui observait celle qui agissait, sans commenter, sans critiquer...juste observer avec un peu de distance...et du coup celle qui agissait n'etait plus la même...C 'est grave docteur Lung Ta?
L
Oui Lung Ta..croire que la facilité arrive ..ce serai repartir à zéro..arrêter d'agir en croyant que tout est fait ..alors que tout est à faire ..
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